La porte extérieure s'ouvrit et le bruit des pas de l'étranger, lourds et puissants, vint troubler la quiétude de la salle d'entrainement dans laquelle s'étaient, comme à leur habitude, les différents joueurs de l'équipe, dans laquelle on ne pouvait, ce jour-là, remarquer aucun absent. Ils étaient tous là, presque surpris et en même temps curieux de découvrir quel était le possesseur de ce pas pétaradant.
"Vous allez voir que c'est le rookie", murmura d'un ton moqueur Olivier Lopez, pourtant le benjamin jusque là. Sans doute avait-il oublié combien il est intimidant de passer professionnel dans la grande ligue de BuzzerBeater. Et il n'avait pas tort, Olivier ! Devant les yeux ébahis des joueurs aguerris composant l'assemblée, qui s'étaient tous arrêtés pour admirer le spectacle et assouvir leur curiosité, Laurent Payet fit son entrée dans le gymnase, transpirant à grosses gouttes, les mains occupées par deux grosses valises prêtes à craquer tant elles débordaient de babioles diverses et variées. On pouvait voir des chaussettes, deux ou trois magazines dont un ou deux plutôt douteux, et même une tapette à mouches dépasser de ces bagages fermés à la va-comme-je-te-pousse. Après avoir jeté un coup d'oeil panoramique à l'assemblée qui le dévisageait sans pudeur ni honte, le rookie se fendit d'un sourire et lâcha brutalement ce qui l’encombrait. Vlam ! Le choc résonna dans toute la pièce. Cette minute sembla durer une éternité, on se croyait dans un western de Sergio Leone. Puis, il dit:
"Savez-vous comment on ramasse la papaye ?"
Aucune réponse.
"C'est simple. Avec une foufourche. Laurent Payet, Hall of famer, enchanté."
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